Eduquer le regard, apprendre à voir, projet pédagogique rébarbatif ou projet de vie constructif ?
Pendant longtemps quelque chose dans l’art restait pour moi une énigme. Plus précisément tout art dit conceptuel ou découlant du conceptuel, me laissait perplexe… Incapable de le renier mais incapable de le défendre.
Le sujet faisait les gorges chaudes des soirées bien arrosées. Après la politique, la question de l’art contemporain était le deuxième thème de prédilection. De longues polémiques, vaines et sans issues. Chacun campant sur ses positions. J’en gardais un goût d’inachevé et de l’amertume. Il y avait donc là un mystère que je décidais d’éclaircir.
Alors l’art contemporain avec ses vidéos sans début ni fin, ses veaux d’or et ses boîtes à merde …une escroquerie à deux balles (qui vaut des milliers d’euros … ) ou une nouvelle approche (ou conception ?) esthétique ?
Notre première visite au MAC (musée d’art contemporain à Marseille) ce fut pour l’exposition de la collection du galeriste, malheureusement décédé, Roger Pailhas. La date exacte, je ne sais plus. Penser à demander à Laure. Elle, elle le sait car elle consigne tout dans des petits agendas très soignés. C’était au printemps, Sylvie portait une nouvelle robe dont elle était très fière et moi j’avais enfin enlevé mon parka d’hiver et de scooteuse.
Le MAC, c’est un espace blanc, immaculé et labyrinthique. On tourne, on vire, on revient sur ses pas… Pour cette visite là chacune suit son rythme, on se rassemble, on se perd, on se retrouve. L’exposition est très intéressante, dense, qui a du sens, très diversifiée : des sons, des voix, des images, de la peinture, des installations… Nous, on se sert, on goûte, on palpite, on discute, on doute, on questionne…Passionnant et jubilatoire. Sylvie prend beaucoup de photos. Laure et moi on en discute. On discute de tout ça… de ce qu’on voit, a vu, verra.
Ce jour là le voyage nous a menées au bord de rivages inexplorés.
C’était sur, le voyage allait continuer.
Agnès
* Jacques Rancière, Le spectateur émancipé (2008)