L’Infini des Limites de Daniel BUREN / au MaMo

Depuis l’année dernière, Agnès, Sylvie et moi parlions d’aller visiter le MaMo, Centre d’Art de la Cité Radieuse, installé dans le gymnase sur le toit-terrasse de La Cité Radieuse de Le Corbusier… Un espace restauré par Ora-ïto, son nouveau heureux propriétaire. Un lieu qui bien avant son ouverture le 8 juin 2013 avait déjà monopolisé notre attention et celle des médias… Nous n’avions pu, avec regrets, voir l’installation Architectones, Xavier Veilhan,… et couvrir toutes les merveilles de Marseille-Provence 2013 qui s’offraient à nous. Je m’y étais rendu fin octobre pour l’article Le Corbusier à Marseille, le Gris n’est pas la Couleur de notre Cité Radieuse, et j’avais finalement croisé Benjamin Vincent (@M_Clouseau). Il avait passé un bon moment à me montrer et me parler de l’exposition Résidence Secondaire – MAMO Audi talents awards… Je n’avais pu citer le MaMo qu’à travers quelques images intégrées aux photomontages D’après Salubra, claviers de couleur, Le Corbusier* et New Swing of Marseille-Provence 2013*.

« C’est une ville extraordinaire, pour moi c’est vraiment le Barcelone français, et… c’est une ville qui est en perpétuelle évolution. Moi ce qui m’intéresse c’est pas 2013, c’est 2014, 2015, 2016, 2017. C’est cette ville brut de décoffrage… et… c’est un rêve… pour moi c’est comme un diamant qu’on est en train de polir, voilà. » Ora-ïto / Interviewé le 10 janvier 2013 lors du vernissage de l’exposition « CAPITALE(S)
La Capitale Invite la Capitale » à la Galerie Gourvennec Ogor / Marseille Championne d’Europe – Grand Angle – France 2   (Février 2013)

" DéŽfini Fini Infini, Travaux in situ " de Daniel Buren - 30.06. - 31.10.2014, MaMo, Marseille Modulor, Centre d'art de la CitéŽ Radieuse, Le Corbusier,  Marseille

 » DéŽfini Fini Infini, Travaux in situ  » de Daniel Buren – 30.06. – 31.10.2014, MaMo, Marseille Modulor, Centre d’art de la CitéŽ Radieuse, Le Corbusier, Marseille

17 juillet 2014 visite de « Défini Fini Infini, Travaux in situ » de Daniel Buren au MaMo, Marseille Modulor / Centre d’Art de la Cité Radieuse/ Le Corbusier / Marseille / 30.06 au 31.10.2014

En 2014, ce qui nous rassure maintenant, malgré quelques temps de doutes et de difficultés, c’est que les acteurs de la Culture continuent sur leur lancée. Défini Fini Infini, Travaux In Situ de Daniel Buren, s’inscrit dans ce moment d’énergie renouvelée qui offre aux visiteurs d’ailleurs et de Marseille, la magie complice de Daniel Buren et de Le Corbusier. Ce nouvel événement du MaMo matérialise le désir obstiné d’Ora-ïto de voir deux grands artistes associés, correspondant à travers leurs œuvres, à travers l’espace et le temps.

Galerie 1 : Le Corbusier’s Roof

En ce mois de juillet, Agnès et moi sommes ainsi attirées irrésistiblement par l’œuvre de Daniel Buren au MaMo. Pour cette visite, Swann Fourmanoy, chargé de développement chez MaMo/Ora-Ito, nous accompagne. Nous, jeunes blogueuses;) apprécions son accueil et sa disponibilité, nous l’en remercions encore. Sous le charme du MaMo, de Daniel Buren, de Le Corbusier…, nous interrogeons, nous regardons, nous écoutons, nous photographions… essayant de saisir ce qui nous est manifestement exprimé. Nous profitons de l’accès exceptionnel à la terrasse supérieure. Par dessus le parapet, la ville nous apparaît en contrebas, la mer et les navires à l’horizon. Nous observons bien plus que la vue des collines et des nuages soulignés par l’Architecte, juste au dessus du bastingage. Cette vision que nous propose habituellement le pont du bâtiment et qui nous invite comme à Firminy-Vert à une prise de conscience de la nature environnante en gommant ici un peu l’urbanité. Notre regard opère aussi un va-et-vient entre les éléments de l’architecture, le gymnase, la cheminée, l’école… et les petites céramiques, carrées, blanches, jaunes et vertes, omniprésentes sur le banc, les murs,… et un assemblage composé de quatre carrés ; deux blancs, un jaune et un vert, entourés sur la tranche des fameuses bandes noires et blanches de Daniel Buren. Ce premier élément de ses Travaux In Situ, que nous avons découvert en sortant de l’ascenseur à l’arrivée au dernier étage, porte sa signature et affiche le soin porté aux « détails » de l’architecture et une mise en avant sobre et sans fioriture de la Couleur. Une reprise et une référence qui sert de point de départ et de fil conducteur. Notre regard navigue encore un moment entre le paysage de Marseille, la Cité Radieuse, l’extérieur du MaMo avant d’entrer à l’intérieur.

Galerie 2 : Inside & Outside of the MaMo

A l’intérieur du gymnase, comme en haut, Agnès, sujette au vertige, assure ! Rassurée par Swann qui lui explique avec précision comment les miroirs sont installés sur des supports en caoutchouc sur le sol, elle a pu parcourir cet espace surprenant, somptueux, incroyable…. La coque tronquée du gymnase, qui nous surplombe, se projette sur le sol, retrouvant sa place originale et la baie vitrée recouverte par des films adhésifs de couleur transparents, elle-même en miroir, nous plonge dans un univers aux multiples évocations… L’image formée par les vitres de couleurs, le mur noir entouré de bandes noires et blanches, nous rappelle beaucoup la mire de l’ORTF des années 60/70… Sur mes photos, l’apparition des traces de pas à la surface du miroir, révélée par contraste avec le mur noir, m’a embarquée dans un voyage lunaire. Mais avant de faire un pas sur ce sol de verre presque immatériel, ma première impression est que je suis au bord d’une piscine… La surface de l’eau est limpide. Les vitres de couleurs vives et joyeuses confortent cette tranquillité ambiante un brin amusée par l’expérience physique et esthétique. Le reflet de notre présence accentue la jovialité de ces instants suspendus…

A l’extérieur du gymnase, nous retrouvons le vitrail, une étrave surplombe le bâtiment…

Galerie 3 : The Blue Square

Le voyage maritime n’est jamais bien loin, à la sortie du gymnase, à droite, nous longeons les coursives. Au nord de la terrasse, un monumental losange bleu outremer entouré de miroirs et de triangles bleus trône. Il est un peu plus que tous les autres éléments, l’objet de notre attention… En face, Agnès, Swann et moi, nous nous interrogeons… Agnès y voit le logo de Renault, célèbre constructeur automobile français… Nous avançons tour à tour d’autres hypothèses… C’est à ce moment que mes souvenirs des Cabanes éclatées (Le Nouveau Musée de Villeurbanne en 1986) me sont revenus. Et que j’ai vu apparaître dans cette figure : un carré bleu éclaté…

Galerie 4 : Daniel Buren: from past to present

Admirer ce travail in situ d’un artiste qui a jalonné nos vies dès les années 60 représente, pour Agnès et moi, anciennes étudiantes des Beaux-Arts, des instants inédits chargés de nos ravissements et de nos savoirs. Les colonnes de Buren, Les deux plateaux en 1986, bien sûr, mais aussi la même année la visite avec ma mère de l’exposition « Comme lieu » situation 1, Le Nouveau Musée à Villeurbanne. Une exposition des plus complète des œuvres de Daniel Buren que j’ai pu voir, comme s’en souvenait également Michel Barjol (Galerie Martagon) avec qui j’ai échangé à Paréidolie, Salon International du Dessin Contemporain, en accord pour avoir été des témoins impressionnés… C’est là que j’ai découvert Les Cabanes éclatées (n°2, Septembre 1984, et n°12, janvier 1986).

Ces œuvres concentrent l’utilisation de matières industrielles, de toiles rayées verticalement de bandes blanches et noires, jaunes, ou roses… de 8,7 cm de large, et la construction / déconstruction d’éléments où chacun peut voir, et se mouvoir sans préoccupation, sans attention particulière pour le sujet, l’objet… sans aucune émotion pour l’esthétisme particulier des détails, de l’ensemble ou de la structure… pour l’habileté, la technicité… de l’artiste, de la peinture ou de la sculpture… Daniel Buren et ses amis du groupe BMPT, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni nous expliquent leurs principes dans cette interview de l’ONRTF (INA.fr) du 04 novembre 1967. Les quatre jeunes artistes sont exposés à la Biennale de Paris. Au « 18ème Salon de la Jeune Peinture” – Manifestation 1” (3-25 janvier 1967 Musée d’art moderne de la Ville de Paris), Daniel Buren et ses amis essaient de nous rapprocher de l’essentiel, de nous faire prendre conscience simplement des éléments matériels et des concepts théoriques de la peinture, de la sculpture, de l’art… « BMPT » s’inscrit comme d’autres mouvements, Art and Language, Minimalisme, Art conceptuel, Op Art… dans l’évolution de l’art des années 60.

A partir des bandes de toiles rayées verticalement posées sur des châssis, LIMITES bien DEFINI, Daniel Buren a évolué vers des Travaux in situ plus complets et plus complexes. Il n’en FINI plus de créer à l’INFINI. Rayures noires et blanches, surfaces de couleurs opaques ou transparentes, surfaces réfléchissantes, miroirs, compositions, juxtapositions, carrés, cercles, losanges, dimensions monumentales, intégrations à des paysages urbains et/ou naturels, à des architectures closes ou ouvertes — avec l’utilisation des surfaces vitrées par exemple, l‘intérieur et l’extérieur cohabitent —,… nous mettent nous-mêmes en situation. Les Travaux in situ nous offrent d’habiter une œuvre d’art…

" DéŽfini Fini Infini, Travaux in situ " de Daniel Buren - 30.06. - 31.10.2014, MaMo, Marseille Modulor, Centre d'art de la CitéŽ Radieuse, Le Corbusier,  Marseille

 » DéŽfini Fini Infini, Travaux in situ  » de Daniel Buren – 30.06. – 31.10.2014, MaMo, Marseille Modulor, Centre d’art de la CitéŽ Radieuse, Le Corbusier, Marseille

Ici, Daniel Buren élabore des Travaux in situ, inédits, où nombres de clins d’œil se réfèrent à ses œuvres passées et présentes.

D’un Manifeste à l’autre. De La Cité Radieuse, Manifeste de Le Corbusier au Manifeste de Daniel Buren, Défini Fini Infini. Le champ de vision est sollicité pour embrasser le ciel et la terre, l’espace infini qui nous englobe et le sol limité que nous foulons.

Galerie 5 : The outside of Daniel Buren

Sur le toit-terrasse de cette unité d’habitation, les points de vues sur l’un comme sur l’autre se multiplient, ainsi que sur La Cité Radieuse de Le Corbusier et Défini Fini Infini de Daniel Buren. Les uns comme les autres s’expriment avec joie comme vous pouvez l’entendre dans ce reportage « Il existe un endroit / France Inter : Ora-ïto et le MAMO à la Cité Radieuse de Marseille » (émission du mercredi 24 septembre 2014 à 23h15 par Alexandre Héraud). Une joie qu’Agnès et moi avons vue et ressentie, ce jour là, l’espace centrale des petites colonnes carrées est occupé par un shooting de mode, modèles, visiteurs, photographes pro et amateurs cohabitent à distance… créant une ambiance à la Jacques Tatie. Et puis fin août au cours d’une visite estivale et familiale, la lumière est différente, un peu plus au zénith, les nuages plus diffus, je vis d’autres instants radieux. Dans cet espace, enchantée.

Laure, Marseille, 25 Août – 4 octobre 2014.

" DéŽfini Fini Infini, Travaux in situ " de Daniel Buren - 30.06. - 31.10.2014, MaMo, Marseille Modulor, Centre d'art de la CitéŽ Radieuse, Le Corbusier,  Marseille

 » DéŽfini Fini Infini, Travaux in situ  » de Daniel Buren – 30.06. – 31.10.2014, MaMo, Marseille Modulor, Centre d’art de la CitéŽ Radieuse, Le Corbusier, Marseille

* Diaporamas sonores faisant partie respectivement des articles suivant : Le Corbusier à Marseille, le Gris n’est pas la Couleur de notre Cité Radieuse et 2013 : L’année de Marseille-Provence, Capitale Européenne de la Culture

Défini Fini Infini – DANIEL BUREN – MAMO (wtrmrk) from WE ARE CONTENT(S) on Vimeo. / Beauty Shots exposition Défini Fini Infini- travaux in situ – Daniel Buren /MAMO Audi Talents Awards / Centre d’art de la Cité Radieuse – Marseille /du 30.06.2014 au 30.09.2014

Mes sources :

 – MaMo, Centre d’Art de la Cité Radieuse, Ora-ïto, designer.

Daniel Buren, le site de l’artiste, le plus complet jamais vu ! )

IAC-Institut d’art contemporain — Villeurbanne/Rhône-Alpes, que je remercie pour leurs archives en ligne et les photographies fournies sur l’exposition Le Nouveau Musée « Comme lieu » situation 1, du 15 novembre 1986 au 15 février 1987.

Les Liens pour aller plus loin :

– Le gouvernement décide de terminer les colonnes de Daniel BUREN dans les jardins du Palais Royal : Vidéo / Daniel Buren et Vidéo /Plaire-Déplaire.

Le Nouveau Musée « Comme lieu » situation 1, du 15 novembre 1986 au 15 février 1987 / IAC – Institut d’art contemporain

Le Musée qui n’existait pas – Daniel Buren, 26 juin 2002 – 23 septembre 2002, Galerie 2, Galerie 3 – Centre Pompidou, Paris.

– Collaboration Daniel Buren et Xavier Veilhan « La Cabane éclatée aux Paysages Fantômes » (2006-07) au Centre Georges Pompidou Paris (France) et Vidéo : Interview de Xavier Veilhan.

Daniel Buren, Écho d’échos : Vues plongeantes, Travail in situ au Centre Pompidou-Metz (Vidéo/Dailymotion)

« Daniel Buren. Comme un jeu d’enfants, travaux in situ\ », Musée d’Art moderne et contemporain, Strasbourg, France, 14 juin 2014 – 4 janvier 2015. / Vidéo : Interview de Daniel Buren au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg.

 Et puis, comme d’habitude, l’article de Jean-Luc Cougy : Daniel Buren Défini, Fini, Infini, travaux in situ au MaMo, Le Corbusier, Marseille

A propos AssociatEyes

Les complices s’enrichissent, proverbe mis au goût du jour par Paul ELUARD ET Benjamin PERET, La Révolution surréaliste (1925)
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5 commentaires pour L’Infini des Limites de Daniel BUREN / au MaMo

  1. Excellent article et de très belles photos !! :)

  2. … partage facile vers google+ , mais quelques difficultés pour Facebook !! Je réessaye plus tard …

  3. orepuk dit :

    Entre photos est réalité il y a toujours une différence, mais la le mariage Buren Le corbusier parait réussi.

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